jeudi 4 octobre 2007

Parapluie troué

Brr !

Le froid règne en maître dans ma chambre, je n'ai pas encore allumé le chauffage. J'aime grelotter devant mon bureau sous ma couverture en laine effilochée qui me recouvre des fesses jusqu'aux épaules, et me réchauffer les doigts engourdis en buvant une bonne tasse de chocolat chaud dont la fumée, par son arôme cacao, me chatouille si délicieusement les narines. Je suis beaucoup plus concentrée dans l'écriture de mon livre à l'intérieur d'une chambre glaciale que dans une pièce surchauffée. Mon attirance pour les écrivains nordiques proviendrait probablement de cette préférence climatique singulière.

Il pleut aujourd'hui. J'entends les gouttes d'eau qui tombent inlassablement dans la bassine que j'ai placée juste au-dessus du plafond fissuré de ma chambre. Papa ne l'a toujours pas réparé. Et à vrai dire, ça m'est égal qu'il le fasse ou pas. Le son régulier des gouttes d'eau m'apaise. D' aussi loin que je me souvienne, ce son a toujours suscité en moi, une certaine vague-à l'âme qui s'accompagne d'une odeur des feuilles mortes et de l'herbe humide, d'un grondement sauvage et d'une lente mélodie à l'ocarina me parvenant depuis mes rêveries enfouies. Alors durant un instant, je me laisse emporter par la mélancolie qui m'étreint, j'écoute la pluie en fermant les yeux, je reste ainsi immobile comme si j'attendais qu'une image distincte se forme derrière mes paupières closes. Chaque rondelette qui tombe au compte-gouttes, contient un souvenir qui m'est cher. Ah, si je pouvais les conserver intacts éternellement...
Malheureusement, ils se fragmentent à mesure que les années passent et, un par un, les éclats des souvenirs heureux sombrent dans l'oubli.